Érosion et balade interdite au Cap Ferret
Vous envisagiez une balade dominicale vers la Pointe du Cap Ferret ? Jusqu’à nouvel ordre, il va falloir diriger vos pas ailleurs. En effet, depuis le 8 février, les différents points d’accès à la promenade sur le chemin de bord de mer, le long des digues bâties, compris entre le restaurant Chez Hortense et la Pointe du Cap Ferret, côté bassin, sont fermées par des barrières. Accès à la plage interdit, dixit les panneaux. Cette décision d’interdire le cheminement piéton sur ce secteur de 44 hectares, prise par la Préfecture et immédiatement mise en application par le maire de Lège-Cap Ferret, répond à des « risques d’éboulement brutal non prévisibles » dus à l’érosion de la Pointe du Cap Ferret. Quelques explications pour tout comprendre.
Pourquoi cette promenade est-elle interdite aux piétons ?
Face à l’accélération de l’érosion de la Pointe du Cap Ferret, cette décision s’apparente à un principe de précaution. Car ce secteur, à l’entrée du bassin d’Arcachon est particulièrement exposé. Et soumis à de multiples phénomènes climatiques, éoliens et marins. C’est ce que pointe le rapport scientifique du CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), daté de septembre 2018. Ainsi, le rapport souligne que : “La presqu’île du Cap Ferret et sa pointe se caractérisent ainsi par un environnement dont la dynamique est très complexe et difficilement prévisible, particulièrement dans un contexte de changement climatique dont les effets attendus demeurent incertains dans leur régionalisation”. Dès lors, trois risques ont été clairement établis : l’inondation par submersion, le recul du trait de côte et la migration dunaire.
Principe de précaution face au potentiel danger
Une réponse s’impose d’emblée à cette question : en février 2019, Didier Lallement, Préfet de Gironde (aujourd’hui devenu Préfet de Police à Paris et remplacé par Fabienne Buccio) prend cette décision pour assurer la sécurité des promeneurs qui emprunteraient ce chemin de côte qui s’étire, côté bassin, du restaurant Chez Hortense à la Pointe du Cap Ferret.
Une Pointe du Cap Ferret soumise à des phénomènes naturels et climatiques
Face au réchauffement climatique mais aussi à l’urbanisation grandissante, la pointe du Cap Ferret devient de plus en plus vulnérable. Sans oublier la puissance du débit du chenal du Teychan, cause principale de l’érosion marine de la Pointe du Cap Ferret côté Bassin, soulignée par Michel Lenoir et Joël Confoulan, géomètre expert retraité, dans InfoBassin.
En clair, les assauts répétés de l’océan et les conséquences du réchauffement climatique menacent directement deux secteurs clairement identifiés par le rapport du CEREMA, à savoir la plage océane, fermée depuis 2016, et les ouvrages de protection contre la mer à l’intérieur du bassin, du secteur justement compris entre le restaurant Chez Hortense et la Pointe du Cap Ferret. “Le maintien du trait de côté paraît très hypothétique à court ou moyen terme, et la stabilité des ouvrages ne peut être garantie avec des risques d’effondrement brutal non prévisibles” précise le rapport. La décision du Préfet de fermer ce secteur au public de promeneurs découle de ce risque.
Un problème qui ne date pas d’aujourd’hui
Pour le vérifier, il suffit de visionner quelques photos. Et le avant/après est assez explicite : le recul du trait de côté est flagrant. Un recul qui pourrait hypothétiquement déboucher sur une rupture du cordon dunaire vers l’océan ou des digues, construites à titre privé par les propriétaires fonciers. Le journal Sud-Ouest dans son édition du 8 février liste toutes les mesures prises depuis des décennies pour contrer ce phénomène tout à la fois naturel et accentué par le réchauffement climatique.
Parmi ces mesures, en 2016, l’interdiction définitive de l’accès à l’extrémité est de la Pointe du Cap Ferret est acté. Et s’il fallait une preuve supplémentaire, le blockhaus s’affirme comme tel : situé en haut d’une dune pendant la seconde guerre mondiale, il a aujourd’hui les pieds dans l’eau !
Pour preuve nous vous proposons de comparer deux photographies aériennes mises à disposition par l’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière) sur son géoportail. Afin de se rendre bien compte de l’importance de l’érosion de la pointe du Cap Ferret nous avons juxtaposé ces photos afin de mettre en évidence (en rouge) la surface perdue depuis les années 50.
Quelles mesures envisagées ?
En février, outre la décision de fermer le chemin de la Pointe du Cap Ferret, le Préfet a sommé la commune de Lège-Cap Ferret d’intégrer un plan de gestion de crise dans son plan communal de sauvegarde et d’actualiser sa stratégie de rechargement en sable de la plage et de la dune. Sous trois mois ! Des mesures à suivre.